Longtemps considérée comme la porte de La Rochelle, Dompierre-sur-Mer a une origine très ancienne, qui remonte probablement à l’époque gallo-romaine. Vers le 1er millénaire, le bourg se structura autour d’une église dédiée à Saint Pierre, d’où son premier nom : « Dominus Petrus » qui se transforma en « Dompetra » puis en Dompierre.

Au XI ème siècle, les moines de la fondation du Prieuré du Petit Maillezais, développèrent la culture de la vigne qui fit la richesse du village. C’est aussi vers cette époque (mais alors sur la paroisse rochelaise de N.D de Cougne) que fut fondée l’Abbaye de Saint Léonard des Chaumes, au sud de la commune. Tout autour du bourg, se trouvaient de nombreux châteaux et seigneuries, dont il reste quelques vestiges. 

Au début du XIXème siècle, débutèrent les travaux de creusement du canal, qui devait rallier par voie maritime La Rochelle à Niort. Il fut vite rendu obsolète par la construction en 1870, d’une voie ferrée sur son tracé. Une gare, aujourd’hui détruite, fut même construite au dessus du superbe tunnel Saint Léonard. 

Origine du nom

Malgré son appellation, Dompierre-sur-Mer n’est pas littorale. La commune s’appelait autrefois simplement Dompierre ou Dompierre en Aunis. En 1868 (officialisé en 1952 !), à l’occasion de l’établissement du chemin de fer sur son territoire et de la gare (aujourd’hui détruite), et afin de la distinguer des autres Dompierre qui se trouvaient sur la voie ferrée dans le reste de la France, on lui donna le nom de Dompierre-sur-Mer.

En-deçà d’une origine incertaine, Dompierre étendit son agglomération autour d’une église primitive dédiée à Saint Pierre ou Sanctus Petrus. Avec la fondation au Xlème siècle du prieuré du Petit Maillezais, Sanctus Petrus se traduisit par Dominus Petrus puis Domnus Petrus. Le nom évolua ensuite en Dompetra (dans une charte de Louis VIII), Dompetro (dans un texte de 1244) Dompere à la fin du Moyen Age, puis Dompierre ou Dompierre en Aunis et Dompierre-sur-Mer.

Création de Dompierre

La fondation de Dompierre remonte donc bien avant l’an mil. Il existait autrefois, paraît-il, un tumulus au lieu appelé « La Motte ». On peut voir sous ce nom de Dompierre, Domnus Petrus avec le sens de Saint Pierre, une agglomération formée près de l’église, dédiée à Saint Pierre, prince des Apôtres, dont l'emprisonnement et l'évasion miraculeuse, sont évoqués dans la qualification ajoutée de Saint Pierre aux Liens. 

En 1997, lors de sondages effectués derrière l’église avant d’entreprendre des travaux de transformation urbaine, des sarcophages datant de l’époque mérovingienne ou carolingienne, selon l’appréciation des archéologues présents au moment de cette prospection ont été repérés.

C’est ainsi au XIe siècle, qu’il faut placer la fondation du Prieuré du Petit Maillezais à Dompierre, prieuré établi par les moines de l’Abbaye de Maillezais en Bas-Poitou, fondée elle-même en 1010. Ces moines, ne se bornant pas à prêcher l’Évangile aux habitants de Dompierre, introduisirent et développèrent, comme le faisaient les Bénédictins à cette époque, la culture de la vigne. Il est probable, en effet, qu’avant le Xe siècle, tout le Nord de l’Aunis était peu cultivé. Ce développement s’accrut avec la fondation de l’Abbaye de Saint Léonard des Chaumes, ce surnom de "Chaumes" signifiant : « terres incultes ». La culture de la vigne fut la grande ressource des habitants de Dompierre pendant des siècles, jusqu’à la destruction du vignoble par le phylloxera à la fin du XIXe siècle. On se tourna alors vers la culture des légumes et des céréales.

Le Blason

A peu de distance du Bourg se trouvent, échelonnés comme pour le défendre, de nombreux châteaux et anciennes seigneuries, dont certains ne gardent que des ruines. Parmi eux, près du village de Belle-Croix, se situait le château de Dompierre (dont il ne reste que très peu de vestiges). Là, résidait le Seigneur à qui étaient dus : "Foi et hommage". 

Les plus anciens Seigneurs connus, les d’Allemagne, ont gouverné Dompierre du XIe au XIIIe siècle. Le blason des d’Allemagne qui comportait trois lions, fut brisé par une clé, attribut de Saint Pierre, le patron de la paroisse. 

L’énoncé de ces armes est  « D’or à trois lions de gueules, deux et un, accompagnés en cœur d’une clé de sable posée en pal, le panneton vers la pointe à dextre et brochant sur une chaîne brisée d’or entrelacée avec l’anneau de la clé ».

Le Maître des terres ne fut pas toujours un Français : en 1364, Geoffroy Vigier les vend à Jean Ladhart, prêtre anglais. Le 6 février 1369, elles lui sont confisquées par Charles V qui les donne au Chevalier de Mareuil. 

Quand La Rochelle est délivrée à jamais des Anglais par Du Guesclin, Charles V oubliant son précédent don, donne Dompierre au Sieur Jean Chauderier. D’où un procès, qui se termine le 30 août 1399 par le retour de Dompierre aux De Mareuil. 

L’Eglise

A son origine, l’église du XIe siècle, dédiée donc à Saint Pierre, est située à l'extrémité du Bourg. Après diverses reconstructions, elle ne présente pas d’unité, mais conserve une jolie fenêtre romane rouverte lors des travaux de restauration effectués en 1996 sur le mur Sud. A la nef principale, avaient été accolées au XVe siècle, deux autres demi-nefs qui élargissent le cœur. Celle du midi subsiste seule, terminée vers le milieu de la grande nef par le clocher, au pied duquel se situe le portail méridional. 

Étrange construction que ce clocher quadrangulaire, extrêmement étroit, flanqué d’un seul, mais énorme contrefort en glacis. Ce clocher abrite 3 cloches, souvent cassées, toujours refondues au cours de l’histoire.

A l’intérieur de l’église, un navire "ex-voto" : "l’Ange Gardien", du XVIIIe s. classé Monument Historique, attire l’attention du visiteur (il participe parfois à des expositions). 

Trois tableaux peuvent également y être admirés, dont : 

  •  « la Présentation au Temple » de Dubuisson datant de 1725, classé Monument Historique,
  •  « Saint-Pierre libéré de prison par un ange » vraisemblablement du 19ème siècle. Scène inspirée par une fresque de Raphaël de la chambre d'Héliodore au Vatican.  

On y remarque aussi une plaque de marbre mentionnant la venue à Dompierre-en-Aunis au lieu de l’Abbaye de Saint Léonard des Chaumes, de Messire Vincent de Paul (abbé commendataire), en l’an 1610.

Pendant la période des guerres de religion, l’église de Dompierre demeura longtemps en ruines. Elle ne put être définitivement relevée, qu’après la prise de La Rochelle en 1628.

Une église réformée avait été créée à Dompierre postérieurement à l’Edit de Nantes ; elle comptait alors 100 protestants et fut supprimée en 1663.

Dompierre était autrefois, vers 1674, un relais de poste fixé tantôt dans le Bourg, tantôt à Grolleau, les registres faisant mention de Louis Alvaret comme Maître de Poste. En 1497, Dompierre possédait déjà une école au Bourg dont Guillaume Saoulet, clerc, était l’instituteur. Des maîtres enseignaient aussi au village des Brandes, à Puilboreau et à Chagnolet. En 1889, fut installée une école religieuse tenue par les soeurs de Mormaison (Vendée).

Les Archambault

Une plaque, offerte par l’Association des "Archambault d’Amérique" en 1988, posée à l’extérieur, souligne le départ du Dompierrois Jacques Archambault de l’Ardillère (hameau maintenant situé sur la commune de Saint-Xandre), vers le Québec en 1645, accompagné de sa femme Françoise Toureau et de ses cinq enfants. Son nom est aujourd’hui porté par plus de 20 000 descendants. 

Depuis le 5 août 1990, Dompierre-sur-Mer est jumelée avec Saint-Antoine-Sur-Richelieu au Québec (50 km au Sud-Est de Montréal), fondée par quatre frères Archambault.

Les Foires

En 1792, sont créées à Dompierre 6 foires par an qui se tiendront les premiers lundis de janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre. De plus, les marchés auront lieu les jours de fêtes et les dimanches. Les boutiques seront installées sous la halle (actuel foyer communal Ferdinand Rieux), les marchands de chevaux, bœufs et vaches, s’établiront aux deux extrémités du Bourg. Cette halle sera transformée au XXème siècle en salle des fêtes (actuel Foyer Ferdinand Rieux). 

A l’aube des années 2000, une nouvelle halle à marché sera construite face au  presbytère (actuel espace Michel Crépeau) pour perpétuer la tradition. Tous les dimanches matin, ce nouveau marché attire une population issue de toutes les communes environnantes.

Le Canal

Tout au début du XIXe siècle, on déplore le triste état dans lequel se trouvent alors les routes et, en particulier, celle qui traverse le Bourg et qui, très fréquentée, est battue par toutes sortes de voitures lourdement chargées ; son mauvais état est un inconvénient pour les voyageurs et les habitants de la commune. L’hiver, le temps de pluie rendait le chemin tout à fait impraticable, au point d’empêcher les habitants des hameaux d’arriver sains et saufs au chef-lieu où est le lieu de culte.

Pour remédier à un si grand inconvénient, les Maires et membres du Conseil Municipal désirent voir rétablir et réparer le pavé de la rue de Dompierre, seule et unique voie pour arriver de Paris à La Rochelle. La Rochelle, ville importante, ouverte sur l’Océan Atlantique par un port sûr, admirablement située au fond d’une anse, abritée par les Iles de Ré et d’Oléron, ne communique, encore, en 1750, avec l’intérieur du royaume que par cette route fort difficile. On envisagea donc, avec la création d'un canal, de participer à une vaste opération qui consistait à établir une relation directe par La Rochelle entre le Golfe de Gascogne et la Mer du Nord, en rendant Paris point central de cette navigation intérieure.

Succinctement, cette relation partant de La Rochelle vers la Sèvre Niortaise, empruntant le lit de diverses rivières, des canaux à creuser, puis la Vienne, la Loire, le canal à "bief de partage" de Briare et le Loing jusqu’à la Seine, permettrait la navigation depuis le grand port vers la capitale et, de là, vers le Nord.

Au départ, un canal devait joindre La Rochelle à la Sèvre Niortaise. Plusieurs tracés, au fil des ans, furent envisagés et ce n’est que le 6 août 1847 que fut approuvé le projet des travaux à exécuter, alors que le premier coup de pioche avait été donné le 17 juin 1806. Les travaux  de jonction s’achevèrent en 1888, après quelques modifications aux portes des écluses. Partant du port de Marans et rejoignant celui de La Rochelle sur un parcours de 24 km, ce canal pourra être qualifié de maritime (c’est toujours son statut) puisque, par l’embouchure de la Sèvre Niortaise et son propre cours, il unit la mer à la mer.

C’est à la main que des forçats creusent cette énorme tranchée, à la main qu’on fore le tunnel-canal long de 900 m, avec des brouettes et des baquets qu’on évacue les déblais, à la lueur des chandelles qu’on travaille dans la chaleur et l’humidité du tunnel... L’ouverture de la tranchée provoque l’assèchement des puits des riverains de Chagnolet et de Rompsay ; on doit les approfondir. 

En 1864, la commune de Dompierre fit creuser sur la place publique un puits de 30 mètres de profondeur pour l’approvisionnement en eau des habitants du Bourg. Ce puits existe toujours au milieu de la Place de Verdun, mais recouvert par un terre-plein, il n’est plus en service. 

Ce n’est qu’en 1884, que la navigation commença enfin pour des bateaux à fond plat, halés à bras d’hommes ou par un cheval (le trajet était de 8 heures de Marans à La Rochelle), puis par des bateaux à vapeur entre La Rochelle et Niort (cinq jours à l’aller, quatre au retour). Cette navigation vit son trafic s’élever jusqu’en 1887 où un maximum est atteint avec 5 701 tonnes. Puis la navigation déclina pour disparaître totalement. 

En 1871, l’ouverture à l’exploitation de la ligne de chemin de fer La Roche sur Yon-La Rochelle, rendit obsolète la voie d’eau ouverte au prix de tant de travail, de luttes et de vies humaines. Cette ligne suit le canal sur presque toute sa longueur, la gare de Dompierre aujourd’hui détruite, fut construite sur le tunnel. 

Aujourd’hui, ce canal, paradis pour les pêcheurs, pique-niqueurs, randonneurs pédestres, équestres, ou parfois nautiques, offre un aspect reposant et coule des eaux tranquilles sur le territoire communal du Pont de Mouillepied au Pont de Chagnolet, en passant par le pont de Grolleau, celui de Belle-Croix et l’emplacement de l’ancienne gare ; à proximité, le petit bois de pins, sous lequel passe le tunnel, couvre une partie du canal (tout cet ensemble est inscrit à l’inventaire des sites à protéger depuis le 14 mai 1970). Des aménagements récents agrémentent les lieux, pérennisant ainsi pour Dompierre-sur-Mer, la longue épopée du canal maritime.

Le XXe siècle

En 1919, le conseil municipal décide d’honorer les 50 enfants de la commune, morts aux combats, sur différents fronts, entre 1914 et 1918. Un monument aux morts est érigé à l’angle de la rue des Fontaines et de la grande route (à l'époque ce n'était pas la rue du 8 Mai 1945 !). Il sera inauguré le 12 septembre 1920, en présence de nombreux notables. Pour des raisons de sécurité, il sera déplacé place de Verdun. A cette époque, on recensait sur la commune 1 530 habitants.

En septembre 1939, nouvelle mobilisation générale, les hommes en âge de porter l’uniforme partiront vers le nord et l’est de la France. Une nouvelle fois, la commune se vide de ses forces vives. En juin 1940, les troupes allemandes arrivent à Dompierre et ne repartiront qu’après le 8 mai 1945. Pendant 5 ans, les Dompierrois subiront la présence allemande au quotidien. La fin de la guerre donnera lieu à de nombreuses fêtes populaires.